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Quoi de neuf chez les gangs néonazis en Allemagne : une nouvelle génération hypermasculine d'extrême droite ?

Publié le
5 août 2025
Publié par
Bundesforum Männer / Federal Forum for Men
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4 minutes
Type de ressource
Analyse

Rédigé par le Dr Marc Gärtner, expert en politique internationale d’égalité des genres auprès de l’organisation membre de MenEngage Bundesforum Männer, cette analyse explore la montée d’une nouvelle génération de gangs néonazis qui se mobilisent contre les événements de la fierté LGBTQI+ en Allemagne. Il met en évidence la manière dont les idéologies d’extrême droite qui animent ces groupes de jeunes extrémistes associent la masculinité à la violence homophobe et explique pourquoi il est essentiel de les combattre.

Au cours de l’été 2024, des manifestations d’extrême droite ont menacé les événements de la fierté queer et gay dans 28 villes allemandes : « Les manifestations ont été caractérisées par des foules importantes et agressives de néonazis issus de divers groupes, plusieurs nouveaux groupes de jeunes d’extrême droite ayant gagné en notoriété et en adeptes en grande partie grâce à leur participation aux manifestations anti-CSD. (CeMAS)

CSD (Christopher Street Day) est l’acronyme des marches de la fierté gay/​queer (généralement annuelles) dans les pays germanophones, en référence à la rue de New York où les activités queer ont vu le jour en 1969. En 2024, environ 180 rassemblements CSD ont eu lieu en Allemagne. D’autres sources mentionnent 55 attaques contre des CSD au cours de la même année (Amadeu Antonio Stiftung). Bön nombre de ces agressions contre des rassemblements anti-queers ont été organisées par un nouveau type de réseaux d’extrême droite composés de jeunes radicalisés.

Germany Backlash

Photo : Johannes Proft. La banderole indique : « Il existe de nombreux problèmes de santé mentale, mais seulement deux genres. »

De « Kameradschaft » à TikTok : une nouvelle culture de la haine chez les jeunes

Depuis début 2024, une nouvelle vague de gangs néonazis a émergé, composée principalement d’adolescents et de jeunes hommes. Ces groupes affichent un comportement et une organisation qui rappellent les « Kameradschaften » (« camaraderies ») des années 1990 : des réseaux informels, militants, orientés vers la rue, avec des seuils d’entrée bas et une violence ritualisée (Counter Extremism Project).

Ils exploitent les plateformes en ligne (Instagram, TikTok, WhatsApp, Telegram) pour recruter, radicaliser et organiser, créant des communautés fondées sur une identité hypermasculine, la force physique, la loyauté envers le groupe et la glorification de la violence (CeMAS, Counter Extremism Project, Guardian).

Ces groupes se positionnent comme les défenseurs de la virilité allemande, ressuscitant l’image du « guerrier loyal et coriace » qui rappelle les traditions des Freikorps et du Stahlhelm (Wikipedia). Les actes violents, tels que les incendies criminels, les bagarres de rue et les agressions contre les migrants, sont au cœur de leur identité et leur permettent d’afficher leur domination physique et de renforcer leurs liens à travers la violence collective (The Times, Taylor & Francis).

La mobilisation anti-Pride comme spectacle genré

Ces gangs ont activement perturbé les événements de la CSD/​Pride 2024, notamment lors de mobilisations importantes à Leipzig, Magdebourg, Plauen, Zwickau et Görlitz, auxquelles ont participé des centaines de personnes (CeMAS). Les manifestations sont explicitement liées à des groupes extrémistes à prédominance masculine, qui utilisent des slogans tels que « Heimat, Jugend und Nation ! Nieder mit der Perversion ! » (« Patrie, jeunesse et nation ! À bas la perversion ! ») À bas la perversion ! ») et renforçant l’anti-queerness dans le cadre de la défense d’une masculinité « pure » imaginaire (CeMAS). Ces actions ont un double objectif : intimider les communautés LGBTQ+ et renforcer la cohésion au sein du groupe centrée sur une masculinité homophobe.

Des gangs tels que Last Defence Wave (« Letzte Verteidigungswelle ») ont recruté des mineurs (âgés de 14 à 18 ans) via les réseaux sociaux, organisant des incendies criminels et des meurtres planifiés visant des migrants et des opposants politiques (Guardian). La fusion entre les liens extrémistes en ligne et la violence dans le monde réel envoie un signal fort : l’identité hypermasculine est mise en pratique, et pas seulement exprimée (Counter Extremism Project, Guardian).

La virilité, la culture et la redéfinition de l’extrême droite

L’identité queer est présentée comme « symbole de déclin » : dans le cadre d’une guerre plus large contre la « dégénérescence », les droits des personnes LGBTQ+ sont positionnés comme l’antithèse de la masculinité nationaliste (Context News). Les événements anti-Pride deviennent un champ de bataille rituel, une arène publique où les gangs affichent leur force, leur domination et leur contrôle patriarcal. Attaquer la visibilité queer renforce la cohésion interne du groupe, une performance culturelle commune de la masculinité à travers la confrontation.

En résumé, les nouveaux gangs de jeunes néonazis en Allemagne redéfinissent l’organisation extrémiste :

  • Ils établissent un lien entre l’identité hypermasculine et la violence structurelle, tant hors ligne qu’en ligne.
  • Les attaques contre les événements Pride ont une double fonction idéologique et sociale : les personnes queer deviennent des cibles faciles pour manifester sa défiance et son unité.
  • L’interaction entre la mobilisation sur les réseaux sociaux, les rituels de cohésion machiste et l’agressivité visible reflète un mouvement moderne, féru de numérique, ancré dans une masculinité militariste et démodée.

Il est essentiel de comprendre cette dynamique pour lutter contre le symbolisme sexiste et les mécanismes sociaux qui animent ces groupes, mais aussi pour mieux protéger les communautés LGBTQ+ et défendre les normes démocratiques.

Les groupes LGBT réagissent aux manifestations d’extrême droite par une forte présence policière, une coordination nationale (par exemple, la campagne CSD), des messages politiques (« Pride vs. hate »), des actions de sensibilisation du public, la surveillance des menaces et des alliances avec des réseaux pro-démocratiques. Une forte solidarité au sein de la société civile est nécessaire pour contrer ces mobilisations parfois très efficaces de la droite contre les droits démocratiques, les minorités et les groupes présentés comme des ennemis, et pour garantir les droits humains pour tous à long terme.

Auteur: Dr. Marc Gärtner, Bundesforum Männer (Federal Forum for Men), Berlin

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