'Nous avons formé 355 facilitateurs en Corée grâce à un contact établi par MenEngage Europe'

“Rencontrer un membre” est une rubrique régulière du bulletin d’information mondial de l’Alliance MenEngage. Ce mois-ci, nous nous entretenons avec Goldie (Myoujg Ryoon) Kim (pronoms: elle). Goldie est la directrice exécutive de la plate-forme de formation à l’égalité entre les hommes et les femmes (GET‑P) et co-coordinatrice de K‑MEN (réseau sud-coréen MenEngage).

Quelle est la mission ou la vision de votre organisation?

Nous sommes une plateforme de formation couvrant divers domaines. Notre mission est de promouvoir les échanges et la coopération à l’échelle mondiale, de diffuser une culture de l’égalité des sexes et de renaître en tant que berceau de l’éducation à l’égalité des sexes pour une société égalitaire.

Sur quoi travaille votre organisation ?

GET‑P a été créé en 1992 en Corée en tant que plateforme de formation spécialisée pour les activistes, les formateurs et les animateurs qui œuvrent en faveur d’une société égalitaire sans discrimination. Notre organisation développe des contenus et des programmes pour la formation à l’égalité des genres et offre régulièrement des programmes de formation pour la croissance des formateurs et des facilitateurs. En particulier, depuis 2020, notre organisation étudie comment travailler avec les hommes pour atteindre l’égalité des sexes et la justice de genre et utilise la formation pour communiquer le message de transformation de la masculinité.

Nous travaillons également au Népal, où nous gérons des centres d’éducation gratuite dans des villages économiquement défavorisés et un centre de formation à la couture pour aider les femmes à devenir économiquement autonomes.

Quelle est la chose que vous souhaitez partager à propos de votre travail ?

J’ai suivi un cours de facilitation sur la façon de gérer la boîte à outils IMAGINE auprès d’un Emancipator, membre de MenEngage Europe basé aux Pays-Bas. J’ai ensuite apporté la boîte à outils IMAGINE en Corée et j’ai organisé 20 ateliers IMAGINE au cours des deux dernières années. Grâce à ce processus, 355 formateurs coréens ont intégré la boîte à outils IMAGINE dans leur formation à l’égalité des sexes, dans le but de ​“transformer les masculinités”. Je n’ai pas l’intention d’arrêter ce travail de sitôt. Car ce n’est pas encore suffisant. Je continuerai à aider le plus grand nombre possible de formateurs et d’animateurs coréens à dispenser la formation ​“Construisons avec les hommes une société équitable du point de vue du genre”.

Je suis également fière de mes efforts de formation continus pour développer le groupe d’animateurs de la boîte à outils IMAGINE, et du rapport sur le mouvement en faveur de l’égalité des sexes en Corée du Sud auquel j’ai travaillé avec mes collègues de GET‑P en 2023, que j’ai soumis au Secrétariat mondial de MenEngage.

Y a‑t‑il eu un moment précis où vous avez réalisé à quel point votre travail était profondément lié à celui des hommes et des garçons ?

En 2016, une jeune femme a été assassinée dans des toilettes publiques à Séoul, la capitale de la Corée du Sud, dans le quartier de Gangnam, rendu célèbre par la chanson ​“Gangnam Style”. Le tueur était un étranger, un jeune homme qui a déclaré à la police : ​“Je l’ai tuée parce que les femmes m’ignorent”, alors qu’il était emmené.

La police, les autorités gouvernementales et les grands médias ont traité ce meurtre comme un simple crime commis par un malade mental, le tueur étant schizophrène, plutôt que comme un meurtre misogyne. Cette réaction a incité de nombreuses jeunes femmes à étudier le féminisme et à en débattre plus avant, ainsi qu’à faire passer le problème du sexisme des militants aux masses. Toutefois, ce processus de sensibilisation des femmes s’est également heurté à la résistance et aux réactions négatives des hommes.

Depuis 2013, le gouvernement sud-coréen a mis en place un système qui oblige les fonctionnaires ou les personnes travaillant dans des institutions publiques à suivre au moins quatre heures de formation à la prévention de la violence à l’égard des femmes par an. La formation étant répétée chaque année, le nombre de participants exprimant leur fatigue et leur résistance a augmenté, et les expressions dures et réactives des participants masculins sont devenues perceptibles sur le site de la formation. Ils ont fait des remarques agressives et insultantes aux présentateurs, aux formateurs et aux animateurs. En tant que formatrice professionnelle et formatrice de formateurs, j’ai entendu cela de la part de nombreux formateurs à travers le pays et j’en suis venue à penser qu’il s’agit d’un problème qui né sera pas résolu tant que nous né changerons pas le paradigme de l’éducation pour dire que l’égalité entre les hommes et les femmes est aussi une question qui concerne les hommes et que les hommes doivent être impliqués dans la prévention de la violence fondée sur le genre. J’ai donc contacté Equimundo aux États-Unis, MÄN en Suède et Emancipator aux Pays-Bas, et heureusement, j’ai pu apprendre et collaborer avec Emancipator.

Qu’est-ce qui vous fait avancer, vous donne de l’espoir et vous inspire pour continuer à faire le travail que vous faites ?

Il y a deux choses qui maintiennent mes flammes allumées. D’une part, la conviction que tout le monde croira que la violence à l’égard des femmes est néfaste et, d’autre part, la conviction que l’égalité entre les femmes et les hommes est réalisable, même si c’est difficile.

À quoi pensez-vous ou qu’est-ce qui vous passionne ces jours-ci en ce qui concerne le travail de transformation des genres avec les hommes et les garçons ?

Je suis passionnée par le travail de transformation des genres avec les hommes et les garçons en Corée et je veux créer un réseau coréen MenEngage avec un groupe de collègues de plus en plus nombreux. Et étonnamment, il semble que cela va se produire.

Qu’est-ce qui captive votre imagination en ce moment ?

Dernièrement, j’ai été obsédée par une chanson que je n’avais jamais entendue auparavant. C’est une chanson dont le titre et les paroles m’expliquent pourquoi je travaille avec des garçons et des hommes sur la transformation des genres.

Le titre de la chanson est ​“There is a land where women want to live”, de Joke Smit, 1933 – 1981, Pays-Bas.

“Il y a un pays où les hommes veulent vivre

Où les garçons sont libres d’être courageux et audacieux

Où personne né gagne aux dépens d’autrui

Et qu’être un homme, c’est faire preuve de prévenance

Où la peur et le chagrin n’ont pas besoin d’être dissimulés

Où les hommes sans emploi n’ont pas moins d’estime pour eux-mêmes

Où les femmes et les hommes n’ont pas besoin de se haïr

mais peuvent enfin unir leurs forces en tant qu’alliés”.

Quel est l’impact de votre participation à l’Alliance MenEngage sur votre travail ?

La chose la plus importante est le soulagement et le réconfort de savoir que je né suis pas la seule à travailler avec des garçons et des hommes sur la transformation de la justice de genre, et que mon organisation, GET‑P, n’est pas la seule. J’ai également découvert qu’il y a d’autres personnes et groupes qui partagent les mêmes idées dans notre société en me préparant pour le réseau MenEngage de Corée.

Avez-vous des conseils à donner ou une sagesse à partager avec les personnes qui vous lisent ou qui découvrent votre travail ?

La libération des femmes né peut se faire sans la libération des hommes. Une société juste du point de vue du genre est une société dans laquelle ni les femmes, ni les hommes, ni les personnes trans ou non binaires né sont opprimés. Alors, faisons-le ensemble !

Veuillez partager une ou plusieurs parties des principes fondamentaux de MenEngage, des normes de responsabilité ou de la déclaration d’Ubuntu et de l’appel à l’action qui résonnent en vous.

Le numéro 9 des principes fondamentaux est l’un de ceux que je cite souvent à mes collègues formateurs en Corée. ​“Nous pensons que la transformation doit commencer par nous-mêmes.”

Si vous voulez construire une société juste et équitable du point de vue du genre, votre vie quotidienne doit également être en accord avec ces valeurs. En examinant les documents de MenEngage, en participant aux assemblées générales et aux webinaires, et en interagissant avec le Secrétariat mondial, j’ai senti que les membres s’engageaient à vivre les valeurs. J’essaie également de vivre selon ces principes dans ma propre vie et je me sens bien dans ma peau car vivre ces valeurs fait de moi une meilleure personne.

Nous avons traduit les principes fondamentaux et les normes de responsabilité de MenEngage en coréen et les avons partagés avec nos membres, et nous cherchons des moyens de collaborer avec les membres qui souhaitent rejoindre le réseau MenEngage en Corée. Nous lisons également la Déclaration et l’Appel à l’action d’Ubuntu ensemble et discutons des moyens d’intégrer la Déclaration et l’Appel à l’action dans notre travail en Corée.

Avez-vous des réflexions finales à partager ?

J’ai de l’expérience dans l’organisation de formations sur le genre en Corée ainsi qu’au Népal en Asie du Sud-Ouest et au Laos en Asie du Sud-Est. J’ai également animé un atelier de sensibilisation aux questions d’égalité entre les hommes et les femmes à l’intention de policiers sénégalais (Afrique) en visite en Corée. Grâce à ce processus, j’ai pu interagir avec des participants de différents pays et constater de première main que le patriarcat maintient un ordre de domination similaire dans le monde entier. Il n’y a donc pas lieu de se décourager face à la résistance des apprenants qui se trouvent devant moi, ni de se décourager face au retour de bâton d’un antiféminisme fort dans la société coréenne. Jusqu’à présent, nous progressons vers une société plus égalitaire, bien que lentement. Nous n’allons pas nous arrêter, et si je né peux pas tout faire, vous le pouvez, et ensuite la personne suivante. Nous sommes tous dans le même bateau, et c’est ce qui rend les choses encore plus excitantes et amusantes.

Vous trouverez plus d’informations sur le travail de Goldie sur ses réseaux sociaux et son site web : Facebook et GET‑P.